3e édition de l’enquête annuelle « Pour un numérique soutenable » de l’Arcep

L’Arcep publie son troisième zoom consécutif sur l’impact environnemental du numérique en France. Cette édition est enrichie d’informations provenant des opérateurs de centres de données et des fabricants de terminaux. Découvrez dès maintenant les principaux enseignements de cette étude !

Depuis 2020, l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) collecte des indicateurs auprès des quatre principaux opérateurs télécoms nationaux pour réaliser une étude intitulée “Pour un numérique soutenable”. Pour cette édition 2024, l’étude a été enrichie d’indicateurs provenant de deux nouveaux types d’acteurs : opérateurs de centres de données et les fabricants de terminaux. Côté matériel, l’ARCEP a également inclus des informations concernant la consommation électrique des box internet, répéteurs wifi et décodeurs TV. 

Dans cette étude, seules les émissions de GES (gaz à effet de serre) des scopes 1 et 2 sont mesurées, soit principalement les consommations d’énergies fossiles et d’électricité. (Retrouvez plus d’informations sur les notions de scope dans notre précédent article sur la CSRD et ses impacts). La période analysée est l’année 2022.

Vous pouvez retrouvez sur les liens suivants l’étude complète “Pour un numérique soutenable 2024” et le résumé en infographie de l’étude.

Les impacts environnementaux des opérateurs télécoms

Le premier enseignement de l’étude est la hausse de 2% des émissions de GES des opérateurs télécoms sur 2022 par rapport à 2021, quand les émissions globales en France ont diminué de 2,1%. Ceci s’explique principalement par la hausse de 7% en un an de la consommation énergétique des réseaux mobiles, à 4,1 TWh. En revanche, on constate l’effet inverse sur les réseaux fixes, avec le remplacement progressif du cuivre par la fibre optique, qui consomme environ quatre fois moins d’énergie.

Au niveau des box et décodeurs TV, la consommation atteint 3,3 TWh, soit plus de 3 fois la consommation des réseaux fixes. Ces équipements représentent 0,7% de la consommation électrique française. Il existe d’importants écarts de consommation entre les différents modèles de box et décodeurs étudiés, il y a donc une grande marge de progression en matière d’écoconception sur ces équipements. L’élément intéressant concernant cette catégorie est que la consommation ne dépend quasiment pas de la sollicitation de celui-ci, 95% de sa consommation est invariable comme on peut le voir ci-dessous.

Répartition de la consommation moyenne d'électricité des box (en watts)

 

De même que pour les box, la consommation des réseaux fixes est peu dépendante du volume de données, contrairement aux réseaux mobiles. Ainsi la consommation annuelle par gigaoctet de données est de 0,24 kWh pour les réseaux mobiles contre 0,05 kWh pour les réseaux fixes. A titre de comparaison, cela veut dire que si vous consommez tous les mois votre abonnement mobile de 100 Go de données, cela entraîne une consommation électrique annuelle de 288 kWh sur les réseaux mobiles, soit l’équivalent d’un congélateur selon ces données de l’Ademe.

Enfin, on apprend que la proportion de téléphones reconditionnés vendus par les opérateurs télécoms est beaucoup plus faible (seulement 4% des ventes) que sur les autres canaux de distribution (25% des ventes), comme nous pouvons le voir sur l’infographie ci-dessous.

Répartition des ventes de téléphones mobiles en 2022 selon le ltype de téléphone et le canal de distribution

Les impacts environnementaux des opérateurs de centres de données

Les acteurs étudiés sont les opérateurs de données dont le chiffre d’affaires annuel est égal ou supérieur à 10 millions d’euros hors taxes, soit 19 opérateurs de centres de données. Ces opérateurs exploitent plus d’une centaine de centres de données en France et représentent environ la moitié des opérateurs de colocation ou co-hébergement en service en 2020.

Leur consommation d’électricité a augmenté de 15% en un an, liée à 80% aux centres de données mis en service en 2021 et 2022. Les prélèvements d’eau ont également augmenté de 20%. L’essentiel de ces centres de données est concentré en Ile de France, et leur efficacité énergétique dépend à la fois de leur âge et de leur capacité informatique.

Les impacts environnementaux des fabricants de terminaux

Les terminaux étudiés sont les suivants : Téléphones mobiles, ordinateurs portables, écrans d’ordinateur, téléviseurs et tablettes. Au total, l’enquête a couvert 23 fabricants représentant 70 à 95 % du marché en français en 2022.

Pour rappel, 79 % de l’empreinte carbone du numérique est liée aux terminaux en 2020 en France, dont 88% au moment de leur fabrication selon l’étude Ademe-Arcep de 2022.

La principale conclusion sur cette catégorie est que le volume d’équipements mis sur le marché a baissé pour les cinq types d’équipements.

Nombre de millions d'unités mises sur le marché en 2022 et taux d'évolution par rapport à 2021

La mauvaise nouvelle est que cette tendance pourrait avoir peu d’impact sur l’empreinte environnementale des terminaux car elle est contrebalancée par une hausse de la part des écrans les plus grands, pour quatre des cinq types de terminaux (en dehors des téléviseurs).

L'évolution en points de la pamoyennes et petites tailles d'écran des équipements mis sur le marché en 2022 par rapport à 2021rt de grandes.

En conclusion, on peut retenir de cette étude qu’il est important de : 

  • Privilégier les réseaux fixes aux réseaux mobiles avec une consommation électrique au gigaoctet de données quatre fois inférieure.
  • Couper au maximum les box et décodeurs TV quand ils ne sont pas utilisés puisque 95% de la consommation électrique continue même lorsque les équipements ne sont pas sollicités
  • Continuer à insister sur l’importance de la sobriété, l’essentiel des hausses des émissions étant lié à l’augmentation du volume de données, et à la quantité et à la taille de nos équipements.