Retour sur le NWX Festival : une journée sous le signe de la fin de vie du matériel pour la promotion 2023

La fin de vie du matériel électronique, nous vous en parlons régulièrement dans cette newsletter. La journée du 16 mai, pendant laquelle se déroulait le NWX Festival, a été l’occasion pour la promotion 2023 de la coalition NR de se retrouver et d’aller à la rencontre de deux acteurs normands du réemploi et du recyclage pour mieux comprendre leurs activités et leurs enjeux : Reboot Ecosystème et WeeeCycling.

 

Le 16 mai dernier a eu lieu le NWX Festival à Petit-Quevilly. L’occasion pour une partie de la promotion 2023 de se retrouver pour réfléchir ensemble aux questions liées à la fin de vie des produits électroniques, autour de deux temps forts : la visite de l’atelier de Reboot Ecosystème au Kaléidoscope, et une présentation de l’entreprise WeeeCycling par son fondateur, Serge Kimbel.

Le réemploi en pratique : visite de l’atelier de Reboot Ecosystème 

Nous n’allons pas vous présenter à nouveau Reboot Ecosystème précédemment mis en lumière dans la newsletter numéro 24. Les participants ont eu l’opportunité de découvrir les coulisses des dons de matériel inutilisé. Collecte, banc de test et de reconditionnement, gestion des commandes, les participants ont eu l’occasion de mieux appréhender le fonctionnement de la filière normande de réemploi des parcs informatiques d’entreprises, de collectivités ou organismes publics. L’occasion de mieux comprendre quelques-uns des défis à relever :

  • une collecte importante d’ordinateurs fixes pour une demande client principalement orientée vers l’ordinateur portable.
  • une difficulté à obtenir des périphériques reconditionnables (clavier, souris, sacoches, etc.).
  • un besoin pressant de plus d’espace car les organisations locales jouent le jeu, et c’est positif ! 

 

Découverte d’un pionnier (local !) du recyclage des DEEE : Weeecycling 

Cette journée a également été l’occasion pour les accompagnés de découvrir un autre acteur local de la gestion de fin de vie des DEEE (Déchets d’équipements électriques et électroniques) : Weeecycling. Serge Kimbel, fondateur de l’entreprise, a tenu une conférence au NWX Festival et nous avons eu l’opportunité de lui poser quelques questions supplémentaires pour compléter son intervention. 

Basée à Tourville-les-Ifs, dans l’ancienne friche industrielle où était produite la Bénédictine et qui accueille aujourd’hui 130 collaborateurs, l’entreprise fait figure de pionnière au niveau mondial. Elle réalise des métaux affinés par électrochimie affichant des taux de pureté similaires à des métaux « neufs » tout juste extraits des mines, en utilisant uniquement des déchets (rebuts de fabrication et DEEE). 

Tout ceci en intégrant une forte logique de circularité. Dans le processus de transformation composé de différentes étapes de broyage, séparation mécanique, procédés thermiques, affinages chimiques et électrochimiques, l’entreprise essaie d’optimiser au maximum afin de limiter l’utilisation de ressources externes. Ainsi lors de l’étape de fusion par exemple, la fibre de verre qui compose les cartes et puces électroniques est utilisée afin de ne pas avoir à ajouter de sable. 

L’impact affiché par rapport à un métal extrait des mines est sans équivoque : pour un kilo d’or, on passe de 2,3 millions de litres d’eau douce côté extraction minière contre 50L dans l’usine normande, et cette comparaison est valable sur l’ensemble des critères environnementaux avec une empreinte réduite de 95%. 

Cet exposé nous a un peu laissé interloqués quant à l’absence de généralisation de cette activité au niveau national et international. Selon Serge Kimbel, plusieurs éléments expliquent les freins à un plus large déploiement :

  • Les géants du recyclage sont de très bons exploitants mais ne sont pas des innovateurs et avancent donc peu dans le domaine.
  • L’activité nécessite d’associer différents profils techniques (chimie, mécanique, thermique, etc.), ce qui peut expliquer la faible proportion de start up et autres initiatives sur le sujet.
  • La collecte des déchets et notamment des DEEE, bien que s’améliorant chaque année, reste un vrai challenge au niveau français et mondial. 

 

Enfin, Serge Kimbel nous a indiqué que le procédé de recyclage est spécifique à chaque métal. Weeecycling a donc commencé par travailler sur les métaux les plus présents dans les déchets et pour lesquels les industriels consommateurs de ces métaux étaient enclins à utiliser des métaux recyclés. On comprend donc pourquoi certains métaux comme les terres rares, présents au milligramme dans nos objets, affichent de si faibles taux de recyclages (<1% pour certains).

Concernant le décyclage (le fait qu’une matière perde de ses propriétés à chaque cycle et donc ne soit pas recyclable à l’infini), ceci s’explique selon lui principalement par l’absence d’affinage dans la plupart des processus de recyclage de métaux (qui se limitent alors à une simple fusion – dilution) lié à un coût de traitement trop important pour des métaux « communs ». 

Tout ceci nous rappelle l’importance des initiatives permettant d’allonger la durée de vie de notre matériel. Certaines solutions permettent de mettre en place ces bonnes pratiques au niveau personnel :

  •  le site jedonnemontelephone.fr permet par exemple de donner ses téléphones inutilisés : vos données sont supprimées et vous offrez une seconde vie à votre appareil en fonction de son état : réparation et reconditionnement si possible ou recyclage. Bien mieux qu’une éternité à attendre au fond d’un tiroir, au cas où !
  • Il existe également les repair cafés au cours desquels des personnes vous accompagnent dans la réparation de votre appareil avec du matériel à disposition. Plusieurs ateliers sont organisés chaque mois sur la Métropole, vous pouvez retrouver plus d’informations sur le site Repair Café Rouen.