L’intégration des femmes dans les métiers du numérique : un travail d'acculturation et d'orientation nécessaire auprès des jeunes

Près de 40 % dans les années 80, les femmes diplômées ingénieures en informatique ne représentent plus que 15 % des effectifs aujourd’hui : retour sur la disparition des femmes dans le secteur du numérique et découverte des solutions pour y remédier.

 

Un peu d’histoire 

Considérer que les femmes ont toujours été très peu représentées dans les métiers du numérique serait une erreur. L’informatique n’est pas une invention 100 % masculine, loin de là. Dès ses origines, le secteur a compté de nombreuses pionnières à l’origine de multiples inventions du domaine technologique : Ada Lovelace, Marlyn Meltzer, Dorothy Vaughan (sur l’image ci-dessus)...

Assimilée à du secrétariat avancé à ses débuts, la programmation informatique est essentiellement un métier féminin dans les années 1950, en raison de son caractère répétitif qui nécessite rigueur et patience. Mais alors comment expliquer la disparition des femmes dans ces métiers ? Dans les années 1970, l’informatique a évolué d’un statut de travail fastidieux et peu rémunérateur à une activité très lucrative et porteuse de prestige social. Avec la création de cursus universitaires dédiés, vers lesquels les femmes vont moins naturellement par autocensure (liée notamment aux stéréotypes concernant la place des femmes dans les métiers scientifiques), le secteur s’est alors masculinisé.

Un constat sans appel

On observe aujourd’hui une faible proportion de femmes dans les métiers du numérique. Ainsi, en prenant la filière numérique au sens large, elles ne représentent que 30% des salariés de la filière, et les entreprises du numérique confirment une pénurie de candidatures féminines.

Beaucoup de femmes évoluant aujourd’hui autour des métiers du numérique pointent du doigt l’absence de promotion des métiers de la filière pendant leur parcours scolaire. Un manque de communication et de sensibilisation qui amène aujourd’hui une nette fracture dans les choix d’orientation : sur l’ensemble des pays de l’OCDE, seules 0,5% des filles de 15 ans envisagent de devenir des professionnelles des technologies de l’information et de la communication (TIC), contre 5% des garçons. En l’absence d’informations concernant les métiers de la filière, ce sont les stéréotypes du métier d’informaticien et les normes sociales qui prennent le dessus.

Des solutions pour changer les choses

Il existe aujourd’hui plusieurs initiatives qui visent à encourager les jeunes filles à se tourner vers les métiers du numérique. C’est le cas notamment de deux initiatives présentes sur le territoire de la métropole de Rouen.

La première, Elles bougent, réunit depuis 2005 entreprises et écoles d’ingénieurs pour susciter des vocations chez les collégiennes et lycéennes en leur faisant découvrir les métiers d’ingénieurs et de techniciens, y compris dans le secteur du numérique. L’association s’appuie sur des délégations régionales pour organiser tout au long de l’année des évènements visant à promouvoir ces métiers, grâce au soutien de plus de 5000 marraines qui apportent leurs témoignages. L’association est ainsi active en Normandie avec environ 200 marraines, plus de 400 étudiantes et 70 collèges et lycées partenaires.

La seconde, Wi-filles, est un programme d’initiation aux métiers techniques de l’informatique soutenu par la fondation FACE depuis 2014. L’objectif est de faire découvrir tous les aspects du numérique à des jeunes filles volontaires de 14 à 17 ans à travers différentes propositions (ateliers de sensibilisation, clubs scolaires…). Sur la métropole de Rouen, une promotion Wi-filles réunit chaque année pendant 6 mois une quinzaine de collégiennes de 4eme ou 3eme avec des marraines professionnelles du numérique. Au travers de coaching, rencontres avec des professionnels, ateliers et visites d’entreprises, elles se familiarisent avec un univers souvent bien méconnu.

Ces deux projets reposent sur l’implication des professionnelles qui partagent leur expérience avec passion : ainsi les marraines de demain se trouvent-elles peut-être au sein de vos organisations ?