Dans son cinquième rapport d’évaluation (2013-2014), le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a confirmé que la santé humaine était sensible au changement climatique. Le climat agit sur la santé des populations, directement via les épisodes extrêmes (canicules, sécheresse, inondation, tempêtes, etc…), et indirectement suite à leur action sur les écosystèmes dans lesquels les individus évoluent (émergence de nouvelles maladies, mauvaises récoltes, etc…). Selon les Nations Unies, environ 20 000 décès ont été observés en France en lien avec ces évènements extrêmes ces deux dernières décennies. La variabilité du climat peut également avoir une incidence sur d’autres déterminants sociaux de la santé (perte de revenus ou d’un habitat suite à une inondation par exemple).
Les projections d’augmentation des températures et des canicules pourraient induire des risques sanitaires plus graves en été, notamment si les épisodes de fortes chaleurs se maintiennent sur la durée. Des étés particulièrement mortifères comme ce fut le cas pour l’été 2003 pourraient donc se reproduire plus fréquemment dans les prochaines décennies notamment si le réchauffement venait à s’amplifier. À l’inverse, l’évolution future des mortalités hivernales n’est pas claire car les conclusions de la littérature scientifique divergent sur ce sujet.
Les nouvelles conditions climatiques associées à des facteurs anthropiques (mobilités humaines, commerce international, etc..), ont aussi un impact sur les écosystèmes et la biodiversité, et favorisent le développement ou l’expansion d’espèces nuisibles à la santé humaine. Pour cette synthèse, trois espèces ont été étudiées : la tique, le moustique tigre (Aedes albopictus) et la chenille processionnaire du pin et du chêne. La tique et la processionnaire du chêne sont actuellement présentes sur le territoire de la Métropole, tandis que le moustique tigre et la processionnaire du pin s’en approchent de plus en plus. Il est donc très fort probable que ces espèces colonisent prochainement le territoire de la Métropole de Rouen, et que les habitants soit soumis à de nouvelles maladies véhiculées par ces espèces (zika et dengue pour ne citer que le moustique tigre).
D’autres enjeux sanitaires sont également en relation avec l’évolution de la ressource en eau et de sa qualité, et du risque inondation. Ce risque engendre notamment des dégâts matériels et traumatismes aussi bien physiques sur le moment présent, que psychiques sur la période post-crise (par exemple stress ou dépression suite à une perte de revenus ou de la dégradation d’un habitat).
La dégradation de la qualité de l’air engendrée par le changement climatique (cf synthèse sur la qualité de l’air) pourrait avoir des effets encore plus délétères sur la santé respiratoire des habitants de la Métropole, sachant que les maladies respiratoires y représentent la quatrième cause de décès.
Enfin, le changement climatique a une influence sur les inégalités sociales de santé du territoire de la Métropole. En effet, certaines populations sont plus à risques selon l’âge, l’état de santé initial, le travail en extérieur ou encore selon les revenus de chacun. La compréhension et l’application d’un message de santé publique afin de protéger sa santé et celle des autres, aussi appelé littératie en santé, est aussi un critère important qui diffère au sein de la population.
Par ailleurs, le changement climatique interroge aussi l’accessibilité des populations à des services de santé de base et efficaces lors de crises climatiques majeures. Les établissements de santé sont également directement concernés par les effets du changement climatique et les dégâts causés par les évènements extrêmes. Leur adaptation au changement climatique nécessiterait d’être étudiée, voir renforcée le cas échéant.