L’importance de la mesure dans une démarche numérique responsable

La mesure est une étape fondamentale dans toute démarche d’amélioration et l’est particulièrement avec le numérique. Mais il est parfois difficile de se lancer quand les données disponibles semblent discordantes. Un comité d’experts technique ADEME-Arcep s’est penché sur la question des écarts de mesure dans les différentes données et études à disposition. Une belle occasion de rappeler quelques erreurs à éviter dans cet exercice pour servir au mieux votre futur plan d’actions.

 

La mesure est une étape fondamentale dans toute démarche d’amélioration et l’est particulièrement avec le numérique. Mais il est parfois difficile de se lancer quand les données disponibles semblent discordantes. Un comité d’experts technique ADEME-Arcep s’est penché sur la question des écarts de mesure dans les différentes données et études à disposition. Une belle occasion de rappeler quelques erreurs à éviter dans cet exercice pour servir au mieux votre futur plan d’actions.

Lorsque vous commencez à vous intéresser à la mesure de l’impact environnemental du numérique, on vous indique bien souvent de retenir les ordres de grandeur, car les données précises évoluent au rythme des sorties de nouvelles études sur le sujet et peuvent changer rapidement. Mais quelles sont les raisons de ces différences dans les mesures ? Et quels sont les points de vigilance pour vous lancer dans une démarche d’évaluation dans votre organisation ? 

Zoom sur les écarts de mesure d’impact environnemental

Pour répondre à la première question, un comité d’experts technique piloté par l’ADEME et l’Arcep a publié un premier rapport en avril 2023 pour apporter des éléments de réponse aux écarts constatés dans les différentes études de mesure de l’impact environnemental du numérique. Trois études ont été analysées en détail dans le cadre de ce rapport :

 

Suite à cette analyse, le comité d’experts a avancé plusieurs raisons qui expliquent ces écarts de mesure :

  • La disponibilité et la qualité des données primaires utilisées dans l’étude (ou la capacité à investir dans des ressources suffisantes pour la collecte et l’évaluation de ces données).
  • Le déficit d’ancrage méthodologique : sur 132 études publiées après 2010, la majorité d’entre elles ne font pas mention d’un référentiel (91%). Seuls 2% mentionnent explicitement le suivi partiel ou total d’un référentiel pour la mesure d’impacts environnementaux.
  • La faible utilisation du référentiel de méthodologie d’évaluation promu par l’UIT (Union Internationale des communications) : le standard UIT-T L.1450, bien que considéré comme faisant autorité parmi les experts. Ce référentiel datant de 2018 spécifie la méthodologie à suivre selon une analyse du cycle de vie pour mesurer l’empreinte carbone du secteur des TIC. 

 

Sur ce dernier point, le rapport souligne la nécessité que le standard évolue pour élargir la notion d’impact environnemental au-delà du changement climatique et intégrer ainsi d’autres impacts tels que la consommation de ressources, l’acidification des océans et les autres limites planétaires. Par ailleurs, le référentiel doit aussi clarifier le périmètre retenu lorsqu’on parle de TIC (très connexe avec le secteur des médias et des loisirs par exemple), et définir comment intégrer les dernières innovations technologiques comme la Blockchain, l’intelligence artificielle ou l’IOT (Internet des objets) dans les études d’impact. 

Ces écarts ne doivent pas pour autant freiner les organisations dans leur propre évaluation de l’impact environnemental du numérique. 

 

Quelques conseils pour l’évaluation dans son organisation

GreenIt.fr est revenu sur les erreurs à éviter dans cet exercice, voici les grands éléments à retenir pour mener à bien cet exercice au sein de votre organisation :

  • Bien définir son périmètre : il convient de bien préciser l’étendue des équipements et services qui seront couverts par la démarche, notamment au travers des trois tiers que sont les terminaux, les réseaux et les data centers. Il faudra être attentif à ne pas réduire le périmètre au minimum au risque de passer à côté de gisements d’amélioration conséquents (en ne prenant pas en compte les téléviseurs par exemple).
  • Être multicritères : le risque de tout mesurer uniquement sous l’angle des gaz à effets de serre est de provoquer des transferts d’impacts, comme c’est notamment le cas dans les data centers où la consommation d’électricité a souvent fortement diminué ces dernières années au détriment d’une consommation en eau douce qui a explosé. La méthode européenne PEF (Product Environmental Footprint) liste 16 indicateurs d’impacts environnementaux et sanitaires.Utiliser des normes internationales : pour assurer la reconnaissance de son travail d’évaluation, il est recommandé de s’appuyer sur des normes internationales reconnues. Au niveau européen, la Commission Européenne recommande d’utiliser la norme ISO 14040/44 pour des travaux d’analyse du cycle de vie, complétée par la méthode PEF.
  • Ne pas attendre la mesure parfaite pour se mettre en action : dernier point et pas des moindres : la mesure est une étape nécessaire permettant l’identification et le choix d’actions à mettre en œuvre pour réduire l’impact environnemental du numérique au sein de l’organisation, mais elle ne doit pas empêcher l’organisation de se mettre en action. Compte tenu de l’urgence de la situation sur la plupart des enjeux environnementaux, il convient de mener cette étape avec sérieux et en travaillant en multicritères afin de pouvoir rapidement mettre en place des actions efficaces tout en évitant des transferts d’impacts qui seraient dommageables.