Vidéo en ligne : un écran de fumée ? Newsletter n°8 Coalition numérique responsable

Les beaux jours arrivent et, avec eux, les bonnes résolutions pour préparer l'été. Et si, cette année, vous mettiez vos vidéos au régime ?


Chiffres & faits clés

80% des flux de données en ligne

C'est le poids des usages vidéo dans le flux mondial de données, à 3/4 constitué de vidéo en ligne (VoD, pornographie, Youtube, Dailymotion, réseaux sociaux, ...) et à 1/4 d'autres flux (appels vidéos, streaming télé, vidéo-surveillance, ...). Les 20% restants couvrent tous les usages du numérique hors vidéo : sites web, mails, messagerie instantanée, stockage de fichiers, réseaux d'entreprises, ... (The Shift Project 2019)

La consommation électrique de trois familles

C’est ce à quoi équivaut la puissance d'un seul écran publicitaire de 2 m², tels que ceux qu'on trouve dans les rues et transports en commun de plusieurs villes de France. (Négawatt 2019)

+38 %

C'est l'augmentation du trafic internet observé entre le 1er février et le 16 avril 2020 dans le monde. Cela s'explique principalement par les appels vidéos (visioconférence, classe en ligne) et le streaming (Sandvine 2020). En France, l'audience des applications de visio a été multiplié par 6 pendant le premier confinement comparé à janvier 2020 (Médiamétrie 2020)


La vidéo au travail : les bons réflexes

La vidéo sous toutes ses formes représente, à cause de son poids, une large majorité du flux de données mondial. Dans le cadre professionnel, les impacts de la vidéo concernent différents usages : passons-les en revue.

La visio et le télétravail

De gré ou de force, notamment depuis un an, le télétravail se développe. Il pourrait, sans investissement public significatif, réduire jusqu’à 8% les émissions liées aux transports dans les différents territoires de la Vallée de la Seine ainsi que les dépenses de mobilité des ménages (The Shift Project 2020). Cependant, il peut générer des effets rebonds (cf. article dans le numéro de septembre 2020) : chauffage des logements individuels en journée, trajets supplémentaires, redondance d'équipements, mais également la visioconférence peuvent venir réduire ou annuler les bénéfices du télétravail.

L'impact de la visioconférence est principalement lié à la transmission des flux, de la même manière que la vidéo à la demande ou le streaming, qui consomme de l'électricité.

Vous pouvez donc passer des appels audio, 1 000 fois moins consommateurs de bande passante que la vidéo ! (ADEME 2020)

D'après les études publiées à ce jour, l'impact de la visio ne compense pas les effets positifs du télétravail (ADEME 2020, IEA 2020). Pourtant, si l'on vise la réduction des émissions dues au transport des personnes, « [le télétravail] peut difficilement avoir des effets massifs [...] notamment pour des raisons de sociabilité, de culture managériale et de productivité au travail » (The Shift Project 2020). Cela nous encourage donc, d'après la même étude, à nous concentrer sur le système vélo ou le covoiturage, par exemple.

Les écrans : une question de taille et de nombre

En plus de son transport, la diffusion de contenu vidéo peut demander des appareils gourmands en électricité (pendant leur phase d'utilisation), en ressources et en pollutions (en début et fin de vie).

Dans l'abribus, le hall d'entrée, au restaurant, dans le métro : les écrans, publicitaires ou d'informations, se multiplient et s'agrandissent. Malheureusement, leurs impacts sont justement proportionnels à leur nombre et à leur taille. La seule solution est alors de modérer l'usage d'écrans.

Alléger la vidéo

Saviez-vous qu'il est possible de diviser le poids d'une vidéo très simplement ?

Quand vous en partagez une, compressez-la avec le logiciel Handbrake. Suivez ce guide pour les étapes détaillées. À définition constante, il est souvent possible de diviser son poids par plus de 10 ! Encore plus si vous passez de Full HD ou de 4K à HD simple.

Quand vous regardez une vidéo, choisissez une qualité basse par défaut : le contenu est le même, le chargement plus rapide et la consommation de données plus faible ! Rien ne vous empêche de repasser en haute définition pour voir un détail, le contenu d'une slide présentée à l'écran...

Si vous ne souhaitez qu'écouter de la musique, privilégiez la musique téléchargée ou les plateformes de streaming audio plutôt que les clips musicaux.

Pour en savoir plus : le rapport Climat : l’insoutenable usage de la vidéo en ligne (The Shift Project, 2020) et le guide La face cachée du numérique (ADEME, 2021).

Témoignages

« Ce que j'ai trouvé passionnant dans [cette] formation [...], ce sont tous les aspects pratiques. »

Je me demandais quand est-ce qu'on allait réunir les enjeux environnementaux et la technologie. On considère les technologies récentes comme les meilleures du monde et les anciennes désuètes, on est intéressé par la nouveauté, l'effet waouh, mais on en oublie qu'il faut que ça ait un intérêt. La tech doit être utile et son impact doit être maîtrisé.

Ce que j'ai trouvé passionnant dans la formation que j'ai pu suivre en mars avec la coalition Numérique Responsable, ce sont tous les aspects pratiques : on voit des outils concrets, les actions à mener. Par exemple, on a vu comment on peut intégrer le numérique responsable dans les cahiers des charges de nos fournisseurs ou comment on peut mesurer l'empreinte environnementale de son numérique avec WeNR (outil de l'Institut du Numérique Responsable publié fin mars 2021, N.D.L.R.).

À Harmonie Mutuelle, en réfléchissant à la société de demain, on voit qu'on ne peut pas dissocier santé des humains et santé de la planète. Ça fait donc partie de notre orientation stratégique aujourd'hui, nous avons une nouvelle direction "Santé Écologie". Et les lois évoluent, il faut qu'on s'y mette tous !

Thierry Gatineau — Responsable du Laboratoire d’Innovation Technologique & intrapreneur "Le Bracelet Rouge"
Harmonie Mutuelle

[Le numérique a] des impacts importants que l’on n’imagine pas forcément. »

L'élaboration de la stratégie "numérique responsable" entre tout à fait dans le cadre de la politique environnementale de HAROPA Port de Rouen et dans son engagement dans la COP21 de la Métropole Rouen Normandie. [...]

L'objectif de HAROPA Port de Rouen est de mener un diagnostic du fonctionnement actuel de ses systèmes numériques, de leur impact et de prévoir un programme d'actions d’amélioration. Il s'agira dans un premier temps de réaliser au moins 10 actions.

L'introduction de la formation m'a le plus marqué puisqu'elle met en évidence l'empreinte écologique du numérique sur la planète en termes de fabrication des équipements, de leur utilisation et des déchets générés après utilisation. Ce sont des impacts importants que l’on n’imagine pas forcément.

Cette formation permet de se rendre compte que nous pouvons agir sur de nombreux leviers pour améliorer ces impacts environnementaux : au niveau des achats, des utilisations, de la durée de vie, de la valorisation des équipements...

Le numérique fait partie de nos pratiques les plus impactantes sur l'environnement (avec notamment le transport, le logement, l’alimentation,...). Il est essentiel d'agir sur le numérique à toute échelle (personnelle comme au niveau de notre entreprise) pour diminuer notre empreinte écologique et agir pour le climat.

Marie Lehallé — Chargée d'études, Service Environnement
HAROPA Port de Rouen


Challenge collaborateur

Chaque mois, encouragez vos collaborateurs et collègues à faire un geste numérique responsable. Ce mois-ci :

Passez en définition standard ! Dans la semaine qui vient, regardez les vidéos en 360p et coupez votre webcam quand vous ne parlez pas en visio. Simple et efficace !