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Changements climatiques : quand les centres de données surchauffent

Les températures extrêmes et le manque d'eau de cet été ont touché tout l'hémisphère nord, de Taïwan aux États-Unis en passant par la Chine et l'Inde.

L'Europe n'a pas été épargnée et les infrastructures numériques ont souffert. Au Royaume-Uni, les records de chaleur ont ainsi causé la panne des systèmes informatiques de deux des principaux hôpitaux du pays, occasionnant un chaos pendant plus d'une semaine (Slate). Les systèmes de climatisation de serveurs britanniques de Google et Oracle ont succombé pour la même raison (LeMagIT).

Aux Pays-Bas, un datacenter de Microsoft a été la cible de critiques concernant sa consommation en eau. Épinglé par un journal local, le datacenter aurait largement minimisé son utilisation de l'eau pour le refroidissement de l'installation l'année passée. Face aux tensions sur l'or bleu cet été, les quelque 100 millions de litres demandés par ces infrastructures du cloud font grincer des dents. (Clubic, RTL Niews)

Face à cette consommation d'eau et d'électricité, toutes deux impactées par le changement climatique (Blast), plusieurs pays européens réagissent. Le gouvernement néerlandais élabore actuellement de nouvelles politiques strictes pour la construction de centres de données et pousse l'Europe à rendre publique leur consommation d'énergie. L'Allemagne a adopté un programme d'urgence sur la consommation d'énergie des datacenters pour compléter sa loi sur la protection du climat (ICTJournal.ch) : réduire les émissions de gaz à effet de serre, notamment celles liées au numérique, est en effet nécessaire pour limiter les conséquences des changements climatiques. En France, l'ARCEP projette de mesurer et publier leurs impacts environnementaux (voir ci-dessous).

Est-ce que le numérique peut contribuer à la transition énergétique ? Journée d'échange à venir

Le Mastère « Optimisation des systèmes énergétiques » des Mines Paris organise le 29 septembre prochain son 22ᵉ colloque en ligne et sur place sur le thème « la place du numérique dans la transition énergétique ». Il y sera notamment question des enjeux et apport du numérique du point de vue des consommations énergétiques ou en métaux ainsi que dans la gestion des datacenters et des réseaux de production et transport de l'énergie.

Programme et inscription sur le site du Mastère OSE

L'ARCEP compte élargir la collecte des données sur l'empreinte environnementale

Une consultation publique est ouverte par l'autorité française des télécommunications jusqu'à fin septembre pour enrichir sa collecte de données environnementales. Une fois la décision actée, l'autorité de régulation espère ainsi « pouvoir évaluer la quantité d'équipements en circulation et leur durée de vie, mesurer les émissions de gaz à effet de serre qui leur sont associées et les volumes de terres rares et métaux précieux utilisés pour leur fabrication ». Dans un premier temps, l'enquête annuelle s'intéressera aux terminaux à l'empreinte carbone la plus forte (ordinateurs, téléphones mobiles, écrans et matériels audiovisuels), aux centres de données ainsi qu'aux réseaux via les fournisseurs d'accès fixes et mobiles.

« Le téléphone est un bijou de simplicité et de pureté. Or, comment ce qui est beau peut-il être sale à la fois ? »

Le journaliste et réalisateur Guillaume Pitron est spécialiste de la géopolitique des matières premières. Selon lui, « nous ne sauverons pas la planète en ayant un recours massif au numérique » car il ne s'agit pas de dématérialisation, mais, au contraire, d'un très fort impact matériel. Transition numérique et transition écologique mènent ainsi vers deux avenirs bien différents. « Ce qui coûte d’un point de vue écologique, c’est de vouloir tout, tout de suite, tout le temps. » Mais « une autre informatique est possible », en concevant différemment, en rallongeant la durée de vie des produits, en favorisant le sourcing éthique des métaux, etc.

Lire l'article complet sur Le Figaro Vox

 

Dossier du mois | Basculez vos collègues en mode Numérique Responsable

Nous vous avons partagé dans un précédent numéro les astuces d'acteurs rouennais pour impliquer leurs salariés dans leur démarche de réduction des impacts environnementaux et sociaux de leur numérique. Depuis, d'autres organisations publiques et privées ont développé des actions de sensibilisation. Libre à vous de vous en inspirer pour mobiliser à votre tour !

Partagez les informations largement

« Le numérique responsable, ça n'est pas un problème de la DSI, mais de tous les agents de la ville. » Voici le constat de Nathalie Mondanel, cheffe de projet relation usagers à la ville de Rouen. Dans le cadre du schéma directeur NR de la ville, qui vise le label NR, plus de 80% de la DSI a été formée par l'Institut du Numérique Responsable, au point que c'est rentré dans le langage et les préoccupations quotidiennes.

Mais au-delà du service dédié, Nathalie Mondanel a souhaité permettre à tous les agents de se former : chargés de communication digitale, de suivi des contrats ou des marchés publics, correspondant informatique de chaque direction, agents administratifs… Elle a profité du Cyber World CleanUp Day, de la même manière que Virigine Caubet l'a fait chez Transdev, pour sensibiliser plusieurs dizaines d'agents : en moins d'une heure, elle montrait que « le numérique n'est pas si immatériel, [qu']il y a des coûts » puis proposait de choisir une action à réaliser. « Ça a très bien pris, on a eu des gens très intéressés et intéressants ». L'expérimentation est donc validée, rendez-vous donné très prochainement aux semaines du développement durable !

L'ADEME a mis en ligne un kit de sensibilisation avec différentes ressources (vidéos, poster, ...). Pensez à les utiliser !

Scientifiques, ludiques et participatives : animez des Fresques !

Vous connaissez déjà la Fresque du Climat, dont nous avions interviewé la référente locale, Léna Trutt. D'autres ateliers similaires existent sur la biodiversité, les océans, l'agriculture, et... le numérique ! Retour d'expérience de trois Rouennaises.

En mars dernier, la coalition Numérique Responsable avait organisé une session inter-organisations de la Fresque du Numérique. L'occasion de faire le point sur les enjeux environnementaux du numérique. « [J'ai] aimé confronter mes points de vue avec les autres participants, confie Florence Feniou, consultante intelligence économique pour Bee's Eye, nos visions étaient parfois différentes et la prise de conscience peut permettre de briser des idées reçues ou encore d'avoir des visions complémentaires. » Virginie Caubet est également convaincue : « [l'atelier] fait prendre conscience de l'impact de chacune de nos décisions, à nous de nous emparer du sujet ! »

Emanuèle Bernal, en charge de la RSE et développement durable chez Pôle Emploi et également coporteuse de la coalition numérique responsable, est devenue animatrice de la Fresque du Climat en juin. Nul besoin d'être climatologue, il suffit d'avoir participé une fois à l'atelier et de suivre une demi-journée de formation, en ligne ou en présentiel. Proposée au 55 000 collaborateurs Pôle Emploi, l'idée est ensuite d'animer à ses collègues, à ses partenaires et au grand public. « À partir du moment où on touche quelques personnes dans une région, l'info se diffuse. Un maximum d'entre nous sera invité à découvrir cet atelier. » Quel intérêt pour Pôle Emploi ? « La RSE est notre cœur de métier, ces sujets sont portés au plus haut niveau ». La Fresque contribue à ce que « les collaborateurs aient une vue d'ensemble des enjeux sociétaux, mais aussi environnementaux ». La chargée de RSE souligne qu'agir d'un côté a des bénéfices de l'autre côté : en collectant et recyclant plus d'appareils, on évite d'extraire du métal vierge du sol et on participe à la réinsertion de personnes éloignées de l'emploi.

Est-ce qu'elle se sent prête à animer sa première fresque en septembre ? « Oui ! On a à notre disposition énormément de ressources où aller piocher. [...] C'est facile, devenez animateur ! »

Les apports de la psychologie sociale

Attention cependant : les campagnes de sensibilisations et de communication ne suffisent pas ! C'est ce qu'a observé Boris Vallée, maître de conférence en Psychologie Sociale et Organisations à l’Université de Rouen-Normandie et vice-président du GIEC Normand. « Ces campagnes peuvent éventuellement changer les croyances, mais elles ne créent pas le passage à l'acte. » Face à cela, « des modèles plus orientés vers l’action sont aujourd’hui disponibles dans la littérature scientifique et ont montré leur « efficacité » dans le champ de l’environnement (théorie de l’engagement, communication engageante, implémentation d’intention, identification de l’action, normes sociales…) » (Représentations et attitudes des populations locales vis-à-vis du changement climatique, GIEC local)

Pour changer les comportements, changer les habitudes, il faut une stratégie pédagogique, d'ingénierie psychosociale. Concrètement, on a besoin de professionnels sur le terrain, ancrés dans le système organisationnel sur lequel agir. Dotées d'une compétence d'intervention, formées, ces personnes vont pouvoir « considérer le contexte dans lequel se développe la problématique [et] mettre en place des stratégies pour un travail de proximité ». Réfléchir les actions l'une après l'autre, dans un jeu d'aller-retours, en impliquant les personnes concernées et en considérant les conséquences possibles, est clé. ²²

Il s'agit donc d'intégrer la psychologie dans un système qui laisse une marge de manœuvre et pratique l'expérimentation locale, avec une rigueur scientifique et en se donnant les moyens d'évaluer son travail.

Où trouver ces savoir-faire théoriques ? Soit en faisant intervenir des psychologues sociaux, un master 2 Psychologie du Travail et Ingénierie Psycho-sociale existe sur le sujet à l'Université de Rouen, soit en se formant soi-même, en tant que responsable NR, RSE ou HSE. Un point de vigilance si l'on fait intervenir des compétences extérieures : les changements visés demandent du travail en profondeur. Il est nécessaire que la structure s'approprie le travail qui sera mené pour le pérenniser et amener, comme on l'a vu plus haut, à la mise en place d'une véritable culture de travail.

 

Le mot de la coalition numérique responsable : participez vous aussi à une Fresque !

Les membres de la coalition Numérique Responsable ayant vécu une Fresque du Climat ou une Fresque du Numérique vous recommandent d’y participer ! Il existe des créneaux grand-public auxquels vous pouvez participer, en présentiel ou en ligne.

Les prochains ateliers Fresque du Climat se dérouleront à Rouen le 24 septembre et le 10 octobre. Vous retrouverez ici toutes les dates en Normandie et ailleurs, en présentiel ou en ligne.

A l’occasion du Salon des Solutions Durables, organisé le 6 octobre 2022 au Parc des Expositions à Grand-Quevilly, une Fresque du Numérique sera proposée pour les entreprises et administrations. N’hésitez pas à vous inscrire !

Retrouvez également ici les dates à venir, notamment à Paris et en ligne.