Newsletter#20 Pour bien commencer un projet numérique : éteignez votre ordinateur

 

Actualités

Nouveau rapport France Stratégie : les réseaux vulnérables au changement climatique

Hausse des températures, canicules, vents violents, inondations : les réseaux de télécommunication sont vulnérables au changement climatique. Tel est le constat dressé par France Stratégie dans sa dernière note d'analyse. En explorant les vulnérabilités et interdépendances des réseaux, les auteurs listent différents enseignements à l'usage des pouvoirs publics.

Pour en savoir plus : France Stratégie - Risques climatiques, réseaux et interdépendances : le temps d’agir

 

Droit à la réparation : première mondiale dans l'État de New York

À partir de la mi-2023, les fabricants qui vendent des produits numériques à New York devront mettre à la disposition des consommateurs et des ateliers indépendants des pièces, des outils, des informations et des logiciels permettant la réparation desdits produits. Une obligation à laquelle travaille également le Parlement Européen. C'est une excellente nouvelle pour les petits ateliers de réparation, pour les utilisateurs et pour l'environnement ! Cette réglementation résonne avec le programme d'autoréparation d'Apple annoncé en avril et les conclusions d'une étude sur la réparabilité réalisée pour Microsoft (en anglais).

En savoir plus : iFixit News - New York Passes World’s First Electronics Right to Repair Law (en anglais), Les Numériques - À New York, la réparation des produits électroniques devient un droit légal

 

Accompagnement au changement de comportement individuel, l'ADEME vous forme

Comment favoriser l'engagement ? Encourager le passage à l'action ? L'ADEME propose une formation gratuite de 3 jours pour comprendre et accompagner le changement de comportement indispensable dans les démarches telles que le numérique responsable.

Prochaines dates en Normandie à Caen (12 au 14 octobre et 15 décembre) et Rouen (15 au 17 novembre et 16 janvier).

Renseignements et inscriptions

 

Kit com ADEME : devenez un influenceur du numérique responsable

Vous l'avez peut-être vue sur vos écrans : depuis quelques jours, la nouvelle campagne Numérique Responsable de l'ADEME est lancée. Un nouveau volet, incluant vidéos et quiz, est spécialement dédié aux salariés/agents. N'hésitez pas à utiliser ces nouveaux outils pour sensibiliser vos collègues ! !

Accéder au kit (vidéos, poster, signature de mails, mèmes, websérie, ...)

 

Dossier du mois | Première étape d'un projet numérique : éteindre l'ordinateur

C'est une leçon très contre-intuitive, mais vous l'avez certainement déjà observée : commencer par réfléchir à tête reposée, avec un papier et un crayon, évite de perdre beaucoup de temps au cours du développement d'un produit ou d'un service.

Régulièrement, depuis que nous recueillons les témoignages des acteurs du numérique responsable sur le territoire, revient un conseil : faire une analyse du besoin réel. Cela peut sembler évident, mais mérite qu'on s'y arrête. Et cette question en amène d'autres, qui vont challenger notre projet, nous permettre de partir sur la bonne piste de solution et choisir la bonne équipe pour la réaliser.

Les témoignages rapportent différents intérêts : un gain de temps a posteriori, une économie, un impact environnemental réduit, une meilleure accessibilité, un meilleur référencement du site, etc. Se questionner a beaucoup de vertus !

Bien répondre au besoin

Parmi les structures de la région rouennaises travaillant la durabilité de leur numérique que nous avons interviewé, le questionnement qui est le plus revenu est fondamental : à quel besoin réel mon projet répond-il ?

Chez ATD Démolition, par exemple, la demande pour des tablettes a abouti au déploiement d'ordinateurs portables. « Certes, les tablettes sont plus à la mode, mais ces ordinateurs de seconde main répondent mieux au besoin sur site », nous expliquait Quentin Filoque, responsable dépollution et économie circulaire dans un précédent numéro. Même réflexion à propos des smartphones après de nombreuses casses : « nous avons [...] arrêté les modèles "classiques" de smartphone, ils sont maintenant remplacés par des modèles solides, durables, plus adaptés aux chantiers. Cela limite beaucoup la casse et ils remplissent toujours très bien les deux fonctions indispensables : prendre des photos et appeler. »

« On fait une vraie analyse du besoin pour éviter de multiplier les appareils », abonde Virginie Caubet, directrice numérique chez Transdev Rouen (voir newsletter n° 18). Quand on lui demande une tablette en mobilité, elle évite de faire doublon avec un ordinateur et accompagne donc la tablette d'une station d'accueil dédiée en échange de l'ordinateur désormais inutile.

Côté logiciel, Youen Chéné de chez Webvert propose à ses clients de se demander « est-ce que X, fonctionnellement, apporte quelque chose ? ». Et régulièrement la réponse est non ! Il se souvient d'exemple de scripts marketing ou de chatbot inutiles, qui impactaient pourtant grandement le score Google Lighthouse (voir précédent numéro). « Je ne suis pas là pour juger, je suis là pour poser la question, en mettant en avant les avantages et inconvénients. »

On rejoint ici la démarche low tech : sans être un refus de la technologie, cette approche suggère, face aux ressources limitées de notre planète, de faire preuve de discernement dans la recherche de solutions. L'ADEME, dans un récent rapport, note qu'elle « implique un questionnement du besoin visant à ne garder que l’essentiel, la réduction de la complexité technologique, l’entretien de ce qui existe plutôt que son remplacement ». L'ingénieur directeur d'AREP Philippe Bihouix justifie ce questionnement ainsi : « Il n'y a pas de produit ou de service plus écologique, économe en ressources, recyclable, que celui qu'on n'utilise pas. La première question ne doit pas être "comment remplir tel ou tel besoin (ou telle envie...) de manière plus écologique ?" mais "pourrait-on vivre aussi bien, sous certaines conditions, sans ce besoin ?" » (L'Âge des Low Tech, p. 114). La low tech peut ainsi, par l'ajout de contraintes au cahier des charges, être une source de créativité !

Solution choisie, moyens, utilisateurs : se poser les bonnes questions

Il existe bien d'autres questions utiles à se poser ! En voici une petite sélection, basée sur les témoignages que nous avons recueillis et sur le guide F(r)ictions numériques récemment publié par Ouishare et l'ADEME.

« Qu'apporte spécifiquement le numérique à mon projet ? » S'il s'agit d'améliorer la communication entre deux équipes, est-ce qu'il vaut mieux investir dans une plateforme numérique spécifique ou réaménager les bureaux pour rapprocher physiquement leurs membres ?

« Lors de la numérisation d’un service physique : qu'est-ce que je n'arrive pas à reproduire lorsque je numérise ? » Ma solution a-t-elle pour prérequis de posséder un appareil, une puissance de calcul, des compétences spécifiques ? « Est-ce qu'elle est utilisable par tout mon public ? » propose Rémy Marrone.

« Quels objectifs environnementaux ou quelles contraintes environnementales (ex : quota d'émissions d’équivalent CO2) sont définis ? »

« Mon projet favorise-t-il la durée de vie des équipements ? » Youen Chéné l'observe au quotidien : « C'est là qu'on fait le plus gros gain, en empêchant cette obsolescence logicielle ». Et, par là, on évite de pousser l'utilisateur à renouveler un appareil devenu lent, mais encore fonctionnel.

Au-delà du projet

Ces questionnements donnent un cadre d'analyse et de prise de décision collectif, à l'échelle du projet. Comme le fait remarquer l'équipe de F(r)ictions numériques, ils permettent également d'agir au niveau « de l’imaginaire collectif et de la culture de l’organisation, en proposant une opportunité de s’extraire des croyances et habitudes ». « Comment le numérique infuse nos sociétés ? se demande Rémy Marrone, qu'est-ce que ça implique pour les citoyennes et citoyens ? »

C'est aussi l'opportunité d'agir sur la prise de conscience individuelle, les échanges favorisant le partage de connaissances et une prise de recul sur les enjeux.

Pour aller plus loin, vous pouvez vous reposer sur le guide F(r)ictions numériques.

 

Le mot de la coalition numérique responsable

En septembre 2022, le parcours d’accompagnement proposé par la coalition numérique responsable prendra fin. 17 organisations, administrations ou entreprises, de petite ou moyenne taille, ont été impliquées depuis un an et demi. Elles ont pu travailler sur un plan d’actions adapté à leur structure et leurs moyens, permettant de mettre en œuvre 10 actions ou d’aller vers la labellisation de l’Institut du Numérique Responsable.

Lors de l’atelier du 31 mai, un bilan du parcours a été fait ensemble. Les participants ont validé l’utilité des outils mis à leur disposition :

  • formation certifiante
  • ateliers thématiques
  • rencontres avec des offreurs de solutions
  • newsletter
  • appui technique d’un expert
  • participation au Cyber World Clean Up Day
  • plateforme de ressource et d’échange

Pour les membres du parcours, il est évident que la démarche collective a été un plus : rencontrer d’autres organisations, échanger sur ce que chacun a mis en place et sur les difficultés rencontrées a été très motivant.

Autant d’éléments de bilan qui seront utiles pour préparer la deuxième promotion du parcours d’accompagnement qui sera lancée dans les prochains mois.

Vous êtes intéressé par le parcours ? Contactez-nous à cop21@metropole-rouen-normandie.fr