Comment cibler les impacts les plus importants ? Comment se fixer des objectifs impactants ? Est-ce que vos efforts produisent des résultats visibles ? Pour pouvoir répondre à ces questions, il n'y a qu'un moyen : mesurer. C'est la deuxième étape stratégique pour passer à l'action, après l’étape de compréhension des enjeux et avant de décider du plan d’actions et de commencer à agir.
Chiffres & faits clés
Plus de 7% de la consommation électrique en France est due au numérique, sans compter le début et la fin de vie (CGEIET et RTE, 2019).
95 % des cadres estiment que les entreprises sont peu ou pas engagées dans la cause environnementale (Cadremploi 2019).
31 % des entreprises déclarent s’engager pour une meilleure efficacité énergétique et/ou une réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. (INSEE 2017)
Mesurer pour mieux sauter (dans le numérique responsable)
Vous pouvez commencer simplement : compter le nombre d'appareils achetés et jetés par an, suivre votre consommation électrique (à partir des factures) et analyser sa répartition par poste (grâce à des sous-compteurs électriques par exemple). Suivez la durée de vie médiane des appareils pour ralentir le renouvellement de votre parc et ainsi réduire vos externalités négatives et vos coûts.
Vous pouvez également surveiller l'indice de réparabilité des appareils que vous achetez et, le cas échéant, que vous vendez. Cet indice a vocation à couvrir tous les produits électriques et électroniques et à devenir un indice, plus global, de durabilité.
Concernant vos centres de données, en plus de la consommation énergétique globale, vous pouvez contrôler leur efficacité grâce au Power Usage Effectiveness (PUE) qui indique la part d'énergie nécessaire à ce qui se trouve autour des systèmes informatiques (climatisation, onduleurs, traitement de l'air, ...).
La quantité de données stockées ou transférées peut également indirectement indiquer leurs externalités.
La mesure des indicateurs environnementaux à proprement parler demande plus de travail, mais apporte également de plus riches éclairages. L'empreinte carbone (Bilan Carbone par ex.) indique la contribution de votre organisation au changement climatique en prenant en compte les émissions directes, réalisées dans vos murs, et indirectes, nécessaires à votre bon fonctionnement. L'utilisation des ressources abiotiques, non-renouvelables, ou la consommation d'eau douce peuvent également être prises en compte.
L'Analyse du Cycle de Vie permet quant à elle de réaliser un bilan environnemental complet.
Spécifique au SI et développé par l'Institut du Numérique Responsable, l'outil de mesure d'empreinte WeNR permet à toute structure de comprendre où se situent les impacts et de mesurer son niveau de maturité Numérique Responsable.
Vous l'aurez compris, il s'agit de garder à l'œil une diversité d'indices et d'adopter une démarche globale pour agir efficacement et éviter de passer d'une externalité à une autre (cf article suivant).
Une fois les enjeux compris et les indicateurs en place, la troisième étape pour vous est de décider des politiques et actions à mener et des objectifs à viser. Ensuite, place à la réduction de vos impacts !
Éviter les biais courants des indicateurs
Quand on veut gagner en efficacité, on observe le coût (environnemental, dans notre cas) par objet fabriqué, par kilomètre parcouru ou par service rendu. Cependant, le changement climatique, pour ne parler que de lui, ne s'intéresse qu'à la quantité de gaz à effet de serre présents dans l'atmosphère et à ce qu'on y ajoute chaque année. Plus que l'impact relatif, mesurez vos externalités en valeurs absolues, ce sont elles qu'il faut réduire ! Sans cela, l'effet rebond guette !
Par ailleurs, les indicateurs ne mesurent qu'une partie de la réalité. Tout ce qui compte ne peut pas être compté. N'oubliez donc pas de garder une vision globale ! À défaut, vous risquez sans vous en rendre compte de déplacer les problèmes, de les sortir du champ de vision de vos indicateurs. Les émissions de CO₂ à l'usage deviendront des émissions à la fabrication (cas des voitures électriques par ex.), les pollutions en France deviendront des pollutions à l'étranger (cas des terres rares par ex.), ...
N'oubliez pas non plus l'effet parc, au risque d'augmenter vos impacts au déploiement d'une bonne idée.
Témoignage de Vincent Aveline, fondateur de Devolis
Passionné de l'informatique et plus précisément des technologies Microsoft, Vincent Aveline a créé Devolis en 2007. Il a rejoint le programme d'accompagnement de la Coalition Numérique Responsable et a participé il y a quelques semaines à une première formation.
Dans quelle démarche vous inscrivez-vous ?
Mon but est de transformer l’entreprise en entreprise contributive sur le plan environnemental.
Deux objectifs majeurs :
- Atteindre la neutralité carbone cette année, voire basculer en positif à partir de l’année prochaine
- Compenser nos émissions carbones dans des projets qui privilégient le redéveloppement de la biodiversité, si possible européens.
La première étape va être la mise en œuvre d’une démarche numérique responsable qui réponde aux exigences du label NR pour faire de DEVOLIS une des premières entreprises normandes labellisées NR.
Qu'est-ce que vous retenez de la formation que vous avez suivie ?
J'ai une meilleure visibilité des sources de diminution de notre impact par le biais de l’usage du numérique. Ma vision sur les actions à engager est beaucoup plus claire, ainsi que sur leur priorisation et leur facilité d'application.
Pourquoi entreprendre une démarche numérique responsable, selon vous ?
L’urgence climatique ne nous permet plus de nous poser des questions. Il faut passer à l’action, très vite.
L’Europe a lancé des signes forts dès l’année dernière (neutralité carbone en 2050). On voit que la prise de conscience est globale, au niveau politique, chez nos jeunes. Donc nous, cette génération qui a largement « profité » de la consommation sans se poser de question, devons agir.
En tant qu’entrepreneur, nous avons ce devoir d’envoyer des signaux forts sur les transformations nécessaires de nos entreprises.
Le programme nous permet de nous engager dans cette voie. Je ne peux qu'inviter les autres entrepreneurs à suivre cette formation afin d’être sensibiliser aux impacts du numérique dont nous n’avons pas conscience.
Challenge collaborateur
Chaque mois, encouragez vos collaborateurs et collègues à faire un geste numérique responsable. Ce mois-ci :
Quels sont vos principaux postes de consommation d'énergie ? Le numérique ? Les transports ? Le chauffage ?
À titre individuel ou collectif, comptez combien de kWh vous consommez par an. Vous pouvez vous aider du graphe de votre consommation électrique si vous avez un compteur Linky (comparez l'été et l'hiver, le jour et la nuit, les présences et absences, les heures des repas, ...) d'un "consomètre" à poser sur vos prises ou d'ordres de grandeurs d'équivalences pour 100 km parcourus (61 kWh en voiture thermique, 52 en avion, 15 en voiture électrique, 11 en train).